Le catholicisme

Publié le 18 Mars 2012

Le second thème du concours commun cette année est celui de la religion. Pour ma part, toute l'année dernière, le thème de nos conférences en cours de culture générale à sciences po Bordeaux était "Des hommes et des dieux". Voici donc l'exposé réalisé avec une de mes camarades sur le sujet de l'avenir du catholicisme.

 

Exposé Catholicisme

 

Introduction :

 

Le catholicisme désigne en particulier, l'ensemble des chrétiens qui reconnaissent l'autorité du Pape. C'est une religion puissante, tout du moins c'est l'image qu'elle peut avoir. En effet, elle a des adeptes, des institutions, des dogmes, un État (le Vatican) et un souverain absolu (le Pape). Au fil du temps, le Catholicisme a joué un rôle capital dans l'Histoire, puisqu'il en est même la base de beaucoup de pays (calendrier notamment). Il y a peu de temps elle était encore la plus grande religion du monde. Elle est cependant à présent deuxième après l'islam qui compte lui 19,2% de la population mondiale. Bien que les chiffres divergent selon les continents, le catholicisme semble avoir perdu la popularité qu'il aurait eut aux siècles précédents. Endosse-t-il alors encore un rôle majeur dans le monde ? Tend-t-il à s'éteindre ou observe-t-il une mue ?

 

I) A) Une rupture dès les années 60

                             

CRISE = Au départ terme medical. Du grec krisis « décision ». « Moment d’une maladie caractérisé par un changement subit et généralement décisif en bien ou en mal. Accident qui atteint une personne en bonne santé apparente, ou aggravation brusque d’un état chronique. »

Le Petit Robert.

 =>une crise n’est donc pas un évènement soudain mais une conséquence d’un état déjà défaillant, qu’il soit visible ou non. La crise est un symptôme.

 

L’Église catholique est en crise avec la modernité. Le concile de Vatican II, qui a eu lieu au milieu des années 60, a cherché des réponses aux questions modernes et à dépoussiéré les traditions d’une multitude de coutumes accumulées au cours des siècles. Malgré ces réformes, l’Église catholique souffre d’une inadaptation patente à l’évolution de la société occidentale de masse, libertaire, consommatrice, dotée d’un progrès scientifique et technologique fulgurant.

 

 

Le Nouvel Anti-Christianisme, René Rémond (historien et politologue français), entretiens avec Marc Leboucher.

 

Selon le philosophe Michel Onfray, le catholicisme veut « régenter les moeurs et continuer à valoriser la souffrance, au détriment de la recherche du plaisir et de la liberté individuelle ». René Rémond cite Michel Onfray : « Loin d’émanciper l’individu, le catholicisme l’empêche de jouir et le culpabilise. Au lieu d’apporter le bonheur ici-bas, il ne lui promet que différé, après la mort, dans une éternité hypothétique. » Toujours selon Onfray, « le christianisme ne peut qu’empêcher l’individu de penser : il fait preuve d’obscurantisme, en dépit des constructions intellectuelles qu’il a pu susciter. Ses sources textuelles comme la Bible fourmillent de contradictions historiques que l’écolier le moins averti pourrait déceler sans peine. » Ce sont des propos forts et très critiques que tient le philosophe, mais d’après René Rémond, ils révèlent les mentalités d’aujourd’hui.

Le catholicisme est aujourd’hui vu comme vétuste dans sa structure dogmatique et contraignante. Les dogmes demandés à être suivis ne sont plus assimilés par tous les croyants. Les Vérités fondamentales ne sont plus vues que comme dogmatiques.

 

La « fin d’un monde catholique » est bien dans l’air du temps, dans la presse notamment. Ce n’est pas un sujet tabou. Cependant il faut être vigilant quant à l’emploi des mots. Ce n’est pas la fin DU monde catholique mais la fin d’UN monde catholique. Nous ne parlons pas de la chute du catholicisme comme celle de l’URSS, par exemple.

 

Le Monde des Religions : (que vous pouvez trouver encore dans le commerce, c'est une édition spéciale du Monde qui devrait vous être utile pour vos révisions)

Parle de cette fin d’un monde catholique comme :

« La fin d’un monde régulé par des habitudes chrétiennes, d’une foi qui proposait aux fidèles une vision du monde, une culture, un modèle, une vie en communauté. Les causes sont l’urbanisation intense, la désertification intense des campagnes, la disparition de la « civilisation paroissiale », l’effondrement d’un christianisme d’obligation, les modèles de consommation matérielle, l’individualisme, la transformation du statut de la femme et l’émergence de la civilisation de « loisirs »."

 

B) Où s'est étendue cette crise et pourquoi ?

 

Cette crise du Catholicisme s'est étendue surtout de façon claire en Europe et au Brésil. 

En Europe, elle perd beaucoup de ses adeptes. Cette crise est due parfois aux scandales que connaît l'Eglise ces derniers temps. L'exemple de l'apparition soudaine de nombreux prêtres liés à de sombres histoires de pédophilie a provoqué de nombreux débats notamment sur le fait que les prêtres soient célibataires ou non. Un autre scandale, est celui de la réhabilitation de l'évêque négationniste Richard Williamson, qui a nié l'existence des chambres à gaz. L'Eglise semble malgré tout persister dans le sens catégorique de la tradition, sans vouloir changer quoique ce soit à son fonctionnement et à ses règles. Elle parait alors désuète au regard des européens, voire extrême. On peut rappelé par exemple l'histoire d'une petite fille brésilienne de neuf ans, violée par son beau père qui la mit enceinte de jumeaux. Les médecins ayant pratiqués l'avortement ainsi que la mère furent excommuniés par l'archevêque de Recife qui affirma que « le viol est moins grave que l'avortement ».

 

Cependant, même si le nombre de catholiques pratiquants baissent, la foi elle semble ne pas disparaître. La pratique ce fait donc plus rare, et les normes morales de l'Eglise sont de moins en moins suivis. C'est un catholicisme plus « intérieur »  qui est pratiqué. On remarque également une forte baisse dans la profession, on manque de prêtres notamment dans les campagnes...l'immigration fait donc que ils seront de plus en plus noirs ou métissés : africain, brésilien, mexicain, philippin...

 

Au Brésil, qui est pourtant le plus grand pays catholique du monde aujourd'hui, le nombre d'adeptes décroît très rapidement. En effet, bien que l'Amérique latine représente la moitié catholique du monde, l'explosion des églises évangéliques et pentecôtistes, menace le poids religieux du continent. Celles-ci paraissent en effet plus souples, plus indépendantes dans leur obligation et dans le fonctionnement, elles croissent au rythme de la misère et de la précarité des masses urbaines : on retrouve alors le même concept : vouloir tout de même ré-enchanter le monde : Dieu n'aurait alors était que refoulé jusqu'à présent et ne demanderait qu'à ressusciter. Ces Eglises garantissent aux fidèles une sorte de protection et de confiance fraternelle contre la violence, la drogue, le sous-emploi et le sida. Développant une religiosité en affinité avec les cultures populaires des villes, leurs pratiques sont à la fois archaïques (exorcisme...) et ultra modernes (communication sophistiquée, registre de la musique et des autres expressions artistiques). →Éclatement de deux Églises ?

 

 II- A)L'avenir du catholicisme : l'Afrique, l'heure du tiers christianisme

 

L'Afrique est le continent qui connaît la plus grande croissance numérique du catholicisme, devant ce défi le Pape a même convoqué un synode spécial Afrique à Rome en 2009. En effet le continent fait face à de nombreux fléaux que sont la corruption, les guerres, les détournements de richesses nationales...et la montée de l'islamisme violent n'aide pas l'affection inter-religieuse. De plus, l'Afrique ne se reconnaît pas dans le « moule » judéo-hellénistique qui a donné naissance à la construction des dogmes du catholicisme. La foi est donc marqué par le syncrétisme (mélange d'éléments pris dans différentes croyances), comme au Brésil, et là aussi on voit l'apparition d'Eglises pentecôtistes. Pourtant, pour le Vatican, l'heure est seulement au recadrage théologique, motus proprio, rythme tridentin au bénéfice seulement de quelques milliers de traditionalistes, situés presque uniquement...en Europe. Il ne semble donc pas y avoir un désir d'adaptation des institutions catholiques officielles.

 

 

II) B) Une rupture entre croyants : un nouveau monde possible ?

 

 -La presse catholique parle de changement, elle l’évoque et ne le réfute en aucun

cas. => volonté « globale » de changement.

 

On note que La Vie (presse catholique) publie essentiellement des débats sur le thème de la « ré-évangélisation » de la France, la « nouvelle Église » ... Mais peu de rapports écrits, d’articles de journalistes relatant des faits précis. Il semblerait que le débat ne fait que commencer, il s’affirme franchement dans la presse catholique, mais le sujet se limite pour l’instant à des débats où les catholiques des deux « partis » traditionalistes et progressistes peuvent s’exprimer.

 

Débat-Interview 

Site internet de l’hebdomadaire catholique La Vie, lavie.fr (groupe Le Monde).

Débat « Changer l’Église, oui, mais dans quel sens ? » Le 8 juillet 2010.

Participants :

-       Christine Pedotti (de la Conférence catholique des baptisés de France)

-       l'abbé Vincent Ribeton (supérieur en France de la Fraternité Saint Pierre).

Animé par Jean Mercier.

Position de Christine Pedotti [progressiste] :

- « L’Église est toujours en crise » il n’y a pas de crise soudaine alors (définition même du mot « crise »).

- C’est une « crise de l’Église dans ses structures et non de la foi ou de la religion », crise dans le mode de fonctionnement et non pas dans la spiritualité elle-même. Non fonctionnement du cléricalisme exacerbé.

- « L’Église a besoin de retrouver son peuple ». Par l’évangélisation. L’évangélisation c’est retrouver le peuple. à Ouverture sur le monde que les profressistes veulent. Elle se base sur le Christ et sur l’Homme = elle est progressiste. Vision beaucoup plus humaniste (progrès, l’Homme est bon).

- Les catholiques progressistes désirent un catholicisme plus libre, plus adapté à la modernité, sans dogmes.

 

Position de l’abbé Vincent Ribeton [traditionnaliste] :

- Le traditionnel se base sur le Christ et sur Dieu. Et non pas sur l’Homme qui est conçu comme un « suiveur ».

 

À la question « Une cohabitation est-elle possible ? » :

Progressiste : OUI, car le catholicisme est capable de métissage. Et il ne faut pas confondre unité et uniformité.

Traditionaliste : Oui, au départ. Tous les baptisés sont admis au sein de l’Église catholique. Cependant, pour être un bon catholique, il faut être en communion avec l’Église et par ce biais, il faut s’en tenir aux Vérités fondamentales de la foi (Dieu créa le monde, le mystère de la Trinité...), à la sanctification par les mêmes sacrements (baptême, eucharistie, confirmation, réconciliation, onction des malades, mariage, ordre), et à la hiérarchie catholique (c’est-à-dire reconnaître l’autorité du Pape et du Vatican en tant que « gouvernement » des catholiques). Donc en fait la réponse est non car il faut s’en tenir aux dogmes. Il y a une difficulté d’adaptation à la modernité en raison de la sécularisation de la société. Il faut une Nouvelle Évangélisation.

 

 

     - Mais à quoi mène la cohabitation ? Y a-t-il une évolution dans ce cas, si les deux mouvements restent côte à côte en se regardant en chiens de faïence ? Est-ce que cela ne va pas mener à un schisme entre les traditionalistes et les progressistes, l’un voulant conserver l’ordre initial du catholicisme et l’autre voulant le faire évoluer ?

     -  Il faut noter que plus la situation perdure, plus ils risquent de perdre des adeptes.

 

 

CONCLUSION

Le catholicisme ne tend pas à s’éteindre. Le fait est qu’il connaît deux mouvements contradictoires selon l'endroit où l'on se positionne dans la rupture entre progressistes et traditionalistes ; ou dans la rupture, celle-ci plus générale, entre le catholicisme occidental et le catholicisme du Sud. D’après les progressistes, c’est bien un monde catholique vétuste et dogmatique qui est voué à s’éteindre en Europe, pour laisser la place à un nouveau monde catholique, libérant l’individu des dogmes et adapté à une société moderne de loisirs, où la culpabilisation et la privation sont des dogmes vétustes.

Cependant, cette rupture entre croyants n’est pas la même partout dans le monde. On remarque que là où le catholicisme s’est implanté en dernier (Afrique, Amérique Latine), il est modifié en fonction des besoins et des conditions sociales du pays, ce qui n’est pas pris en compte par l’Église. Cette « crise » catholique semble alors être un passage obligé dans l’histoire du catholicisme que ces régions-là connaissent déjà. Nous pouvons observer un éclatement qui risquerait de donner naissance à un schisme, et donc à deux Églises nouvelles.

Rédigé par reussirsciencespo

Publié dans #Dossiers

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